24/02/2013
_L'imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction_ & _L'imaginaire du temps dans le fantastique et la science-fiction_
L'imaginaire médical dans le fantastique et la science-fiction : Jérôme GAUFETTE & Lauric GUILLAUD (editors) : 2011 : Bragelonne (Collection "Essais") : ISBN-13 978-2-35294-442-3 : 376 pages (pas d'index, bibliographies variables) : coûte 40€ pour un tp non illustré disponible en neuf.
L'imaginaire du temps dans le fantastique et la science-fiction : Natacha VAS-DEYRES & Lauric GUILLAUD (editors) : 2011 : Presses Universitaires de Bordeaux (#91 de la revue Eidôlon) : ISBN-13 978-2-903440-91-6 : 290 pages (pas d'index, bibliographies variables) : coûte 23€ pour un tp non illustré disponible en neuf.
Chers amis lecteurs, afin de vous faire gagner du temps, le GHOR a décidé de vous proposer d'évoquer deux livres en un seul et même avis. Deux ouvrages aux titres très proches, parus la même année, l'un dans la méritante collection d'essais de l'éditeur maudit Bragelonne et l'autre au sein d'une revue littéraire, deux volumes basés sur le même principe (une collection d'essais autour d'un thème suffisamment vague), impulsés par la même structure (le CERLI d'Angers) et ayant de nombreux auteurs en commun (presque la moitié). Dans un souci (louable) de rationalisation, ils feront donc critique commune.
La toute première constatation qu'appelle ce duo d'ouvrages est que l'étude de la SF ne doit pas bien se porter dans notre pays. En effet, la portion réservée à la SF stricto-sensu est particulièrement faible puisque, à la louche, un petit tiers de l'ensemble doit lui être consacré (à noter que le cas de la Fantasy est pire, avec un nombre d'essais se comptant aisément sur les doigts d'une seule main). Même si le terme à la mode de l'Imaginaire englobe plusieurs genres, je ne suis pas convaincu que les amateurs d'horreur soient forcément intéressés par une étude sur Greg Bear (par Minne), et que les fans de SF aient envie de se passionner pour des nouvelles "irréalistes" (ce qui semble vouloir dire vaguement policières et vaguement fantastiques) britanniques parues entre 1850 et 1900 (le sujet de l'essai de Desmarets). Cette alliance de la carpe et du lapin qui se manifeste trop souvent dans les ouvrages de référence francophones est soit due au manque d'intervenants potentiels, soit à un certain mépris des genres mineurs qui peuvent aisément être parqués ensemble.
L'idée exprimée plus haut qu'il manque peut-être de spécialistes francophones pour discourir sur la SF (ou la Fantasy) peut être accréditée par la deuxième constatation, à savoir qu'il y a, dans ces ouvrages, des textes qui n'ont strictement aucun rapport avec genre. On va y trouver une étude sur l'image de l'hôpital (Jandrok), sur le "transcorps" (Andrieu) ou sur Gödel où l'auteur (Cassou-Noguès) a cette touchante confidence : "Je n'étudierai pas à proprement parler ces textes de science-fiction..." ce qu'il s'empresse de d'ailleurs de faire. Cet état de fait (peu d'intervenants) est aussi perceptible dans les nombreux auteurs qui apparaissent dans les deux sommaires (Minne, Ménégaldo, Lagoguey, Vas-Deyres, Jandrok, Guillaud, Dupeyron-Laffay, André) et qui pour certains (Lagoguey) traitent de sujets similaires (PKD).
La troisième constatation est que la crédibilité des papiers présentés serait sans doute renforcée par un minimum de relecture et d'attention portée aux détails. Même si le lecteur un tant soit peu connaisseur du genre est capable de corriger l'information instantanément, la mention dès la page 11 du Bragelonne du célèbre texte de John Varley Blood Music pique un peu les yeux. On peut sans doute imputer à ce qui semble être un manque de travail un certain nombre de curiosités : Robert Matheson, Marck Reynolds, plusieurs Frederick Pohl (comme sur certains PdF), plusieurs Man in the hight castle, des affirmations un peu rapides (les textes de Guardians of Time/La patrouille du temps écrits dans les années 60, Les temps parallèles traduit en 2004) ou le fait que les titres soient parfois donnés en VO et parfois traduits, le tout sans aucune logique apparente. Dans le même esprit, il est dommage que l'essai sur l'immortalité de Guillaud dans le Bragelonne (qui à la lecture semblait un article d'encyclopédie) fasse, après vérification, de très larges emprunts non crédités à des entrées de la SFE de Clute & Nicholls, puisque l'on y retrouve des pans entiers (les plus visibles étant par exemple des listes d'oeuvres) issus directement des articles CRYONICS & SUSPENDED ANIMATION. A 40€ le volume, on pouvait espérer un peu mieux.
Globalement et en ce qui concerne les textes relatifs à l'ensemble SF&F (je n'ai pas d'avis sur ceux traitant de l'horreur ou du fantastique) les deux ouvrages donnent une impression d'approximation et de hors-sujet, en ce sens que les auteurs (comme souvent avec certains universitaires spécialisés) partent souvent de quelques textes de SF pour bifurquer le plus rapidement possible sur leur vrai domaine d'expertise. On pourra quand même sauver de ces recueils ratés quelques essais : Besson sur les guérisseurs dans la Fantasy, les deux textes de Lagoguey sur PKD, l'étude de Héraud sur Les temps parallèles. Au final, un couple d'ouvrages dont l'intérêt pour l'amateur de SF est très limité et dont la qualité de finition laisse à désirer, un point regrettable vu leur prix surtout pour le Bragelonne, qui n'est vraiment pas donné. Sur l'ensemble, L'Eidôlon est quand même un cran au dessus.
Note GHOR : 1 étoile pour l'ensemble (0 pour le Bragelonne, 1 pour le PUB)
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22/02/2013
_Future wars_
Future wars : The anticipations and the fears : David SEED (editor) : 2012 : Liverpool University Press (#42 dans la série "Liverpool Science Fiction Texts and Studies") : ISBN-13 978-1-84631-755-2 : ix+302 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 65 GBP pour un HC non illustré avec jaquette, disponible chez l'éditeur (là : http://www.liverpooluniversitypress.co.uk/index.php?optio...), sera sans doute repris ultérieurement au format TP plus abordable.
Paru en 2012 dans la collection d'ouvrages de référence des presses de l'université de Liverpool, ce livre est un recueil d'essais (à priori inédits sauf le premier) qui a pour but d'aborder, dans la glorieuse lignée d'I. F. Clarke (l'auteur de Voices prophesying war 1763-1984 et de The pattern of expectation 1644-2001), le thème des guerres futures. Il ne s'agit pas ici de traiter de la "militaristic SF" exemplifiée par les parutions de Baen mais des récits d'anticipation proche concernant des conflits futurs entre les puissances contemporaines de la période d'écriture (par exemple les multiples invasions de la Grande-Bretagne ou des Etats-Unis par toute une gamme d'ennemis). Le tout a été rassemblé par David Seed, un compilateur bien connu des amateurs d'ouvrages sur le genre (voir sa bibliographie là : http://www.isfdb.org/cgi-bin/ea.cgi?21536).
Après une courte introduction, ce recueil rassemble treize essais d'une vingtaine de pages chacun. Le sommaire est assez varié et l'on va donc trouver des essais portants sur des oeuvres précises (littéraires et leurs adaptations) : On the Beach, Fail-Safe, The invasion of New-York; sur des ensembles romanesques : la trilogie avortée de Wyndham, la Culture de Banks; sur des thématiques précises : l'IDS/SDI, l'après 9-11; sur des thèmes précis (Mars et la guerre, l'utopie et la guerre) ou brossant des panoramas des interactions entre science-fiction et postures stratégiques, que cela soit durant la guerre froide ou bien avant. Le tout étant dû à des pointures dans le domaine de l'étude de la SF (Franklin, Ketterer, Latham, Ruddick, Parrinder). A noter qu'outre une bibliographie et un index, une bibliographie spécifique d'I. F. Clarke est fournie en fin de volume.
Malgré la qualité des intervenants, je n'ai pas vraiment été séduit par ce recueil. Les premiers essais (Clarke, Franklin, Crossley) donnent l'impression d'être des sortes de résumés de thèses ou de sujets que ces auteurs ont abordés d'une façon bien plus fouillée dans leurs livres respectifs (par exemple War Stars pour le deuxième ou Imagining Mars pour le dernier). Il y a aussi des choses maladroites comme le texte de Ketterer (qui est pourtant un expert sur le sujet) qui n'arrive pas vraiment à rendre prenante son étude sur les manuscrits non publiés de Wyndham, un exercice (parler de textes inconnus et de plus inaccessibles pour le lecteur moyen) qui est, il est vrai, souvent casse-gueule.
Même si la fin de l'ouvrage est intéressante, on peut se poser la question de la raison de la présence de certains essais. En effet, les textes de Matin et d'Echevarria (qui ne sont d'ailleurs visiblement pas des spécialistes du genre) seraient plutôt à leur place dans une revue d'étude géopolitique ou géostratégique que dans une collection consacrée à la SF; idem pour la bibliographie d'I. F. Clarke (Pourquoi est-elle présente ?). On pourra sauver d'un ensemble plutôt terne l'essai de Kerslake sur la Culture (même s'il gagnerait à être approfondi) et l'étude sur la mobilisation dans les utopies par Parrinder (même si le corpus étudié est particulièrement classique). Au final un ensemble sans grand relief ni grande direction, qui, au vu de son prix élevé, n'est pas vraiment indispensable.
Note GHOR : 1 étoile
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12/02/2013
_Solar flares : Science fiction in the 1970s_
Solar flares : Science fiction in the 1970s : Andrew M. BUTLER : 2012 : Liverpool University Press (#43 dans la série "Liverpool Science Fiction Texts and Studies") : ISBN-13 978-1-84631-834-4 : x+302 pages (y compris index et bibliographie) : coûte 70 GBP pour un HC non illustré avec jaquette, disponible chez l'éditeur (là : http://www.liverpooluniversitypress.co.uk/index.php?optio...), sera sans doute repris ultérieurement au format TP plus abordable.
En ce qui concerne le genre, son histoire et son évolution, les années 70 apparaissent généralement comme une période "blanche". Schématiquement, cette décennie est en effet située entre le bouillonnement de la New Wave (milieu des années 60) et l'apparition du Cyberpunk (début des années 80). Par contraste avec ces deux phases d'activité, elles ont l'image d'une période où rien de bien important ne s'est passé, voire même d'une relative régression avec un retour aux fondamentaux de la part de la vieille garde. C'est cette idée (reçue ?) qu'Andrew M. BUTLER (auteur de nombreux ouvrages de référence, rédacteur en chef de plusieurs revues d'études et grand connaisseur de la scène SF britannique) a choisi d'étudier plus avant dans cet ouvrage qui fait partie de l'importante collection d'études publiée par l'université de Liverpool (qui accueille d'ailleurs les collections de la SFF).
Après un prologue qui évoque le traitement de cette décennie dans les principaux ouvrages de référence, le livre est constitué de seize chapitres de taille variable (entre dix et vingt pages). Chaque chapitre va dérouler un thème ou une facette du genre dans l'ordre chronologique. Par exemple, Butler va donc traiter de sujets comme la vieille garde, la montée en puissance de la Fantasy, l'écologie, le féminisme ou l'influence de la guerre du Vietnam sur la SF. Chaque partie évoque un certain nombre d'oeuvres, majoritairement des romans, mais aussi pouvant appartenir à d'autres modes d'expression (pas mal de films, de séries télévisées britanniques mais aussi des oeuvres musicales). Le tout s'appuie sur les oeuvres elles-mêmes mais aussi sur leur réception par le milieu de la SF. Un très bref épilogue conclut l'ouvrage qui propose ensuite une copieuse bibliographie et un index.
Bien que je sois généralement amateur des travaux de Butler et admiratif devant ses connaissances encyclopédiques, je dois avouer avoir été assez déçu par cet opus. Le fait que l'ensemble soit tronçonné en une succession d'essais sur des thèmes relativement étroits donne paradoxalement l'impression que, malgré le fait que Butler tente de le nier, il ne s'est rien passé de notable dans l'histoire du genre durant les années 70. A aucun moment, l'ouvrage n'arrive à donner de perspective globale de l'évolution de la SF sur la période, donnant plutôt l'impression d'un collage de mouvements et tendances disparates, avec des développements "en cheminée" plutôt qu'une marche d'ensemble. L'absence d'une vraie partie synthétisant les apports des divers chapitres se fait alors cruellement sentir, son rôle étant difficilement tenu par les trois (!) pages de l'épilogue (dont une est de plus uniquement consacrée à "l'affaire Lem").
Outre ce manque de prise de hauteur, ce livre est parfois rendu pénible à lire en raison d'un certain nombre de choix structurels. Tout d'abord, l'option d'un traitement chronologique pour chaque partie (il y en a donc seize en tout) force le lecteur à "revenir" à chaque fois en 1970 au début de chaque chapitre et à parcourir seize fois la même séquence historique. Personnellement, je trouve aussi que le choix de Butler de ne pas utiliser de notes de bas de page (ou en fin de chapitre/de livre) alourdit inutilement la lecture par la présence dans le corps du texte de fréquents éléments bibliographiques (et encore sont-ils réduits à l'essentiel à ce niveau). Je pense aussi qu'une partie des éléments de contexte historique fournis (Butler nous raconte le Watergate ou la guerre du Vietnam) aurait gagnée à être omise et remplacée par (par exemple), une analyse de l'évolution et de l'influence des magazines de SF sur la décennie, un point qui est complètement éclipsé. Finalement, c'est aussi un ouvrage qui est logiquement très britannique dans sa perception du genre (voir les évocations de séries TV quasiment inconnues), alors que la renaissance de la SF GB se situe véritablement dans son futur. Ceci laisse donc à penser que l'analyse définitive de la période reste encore à écrire.
Note GHOR : 1 étoile
10:39 | 10:39 | Ouvrages thématiques | Ouvrages thématiques | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, 1 étoile | Tags : anglais, 1 étoile
05/11/2012
_Glorificemus : A Study of the Fiction of Walter M.Miller, Jr._
Glorificemus : A Study of the Fiction of Walter M.Miller, Jr. : Rose SECREST : 2002 : University Press of America : ISBN-10 0-7618-2257-7 : ix+143 pages (y compris appendices) : coûtait 48USD pour un petit HC non illustré et sans jaquette.
Ecrit par une membre de la N3F (National Fantasy Fan Federation, une des plus importantes associations d'amateurs du genre) et publié par un éditeur spécialisé dans les ouvrages universitaires ou à destination des étudiants, cet ouvrage est une étude fouillée des textes de fiction de l'auteur américain Walter M. Miller Jr. On ne présente plus ce dernier, un auteur relativement prolifique sur format court mais dont le souvenir au sein de la mémoire collective du genre repose essentiellement sur un seul texte, le fix-up et vainqueur du Hugo A Canticle for Leibowitz (même s'il a aussi précédemment obtenu un Hugo pour The Darfsteller) qui est devenu un classique du genre étudié dans le cursus scolaire. L'auteur est aussi une des figures tragiques du genre, un vétéran marqué par ses missions de bombardement, un homme qui malgré sa conversion au catholicisme s'est suicidé peu après le décès de son épouse.
Après une courte préface, le livre commence par un première partie d'une trentaine de pages qui n'est étonnamment pas nommée (ou alors qui s'appelle "Harmonization"). Faute de mieux, on peut dire qu'elle est constitué d'une série de micro-essais (au plus deux pages) sur divers aspects "techniques" des écrits de l'auteur : intrigue, personnages, humour, style, vocabulaire... Suit une partie appelée "Thèmes" (environ 80 pages) qui va parcourir à l'aide du même genre d'entrées les principales constantes thématiques de l'oeuvre de Miller : conscience, lumière, technologie, douleur... De nombreux appendices clôturent l'ouvrage : 1) une étude sur les différences entre les nouvelles et le fix-up, 2) les résumés des nouvelles de Miller, 3) une chronologie de la série Leibowitz, 4) un carte des USA dans cette série, 5) un glossaire des mots d'origine étrangère, 6) une bibliographie de Miller, 7) la localisation des nouvelles de l'auteur dans certaines anthologies et 8) un index.
La première question que l'on peut se poser face à ce livre est de se demander comment un éditeur universitaire a bien pu accepter de publier un tel ouvrage. Comme le dit si bien l'auteur dans sa préface, "The design of this book probably has no precedents" et c'est parfaitement exact. On ne rencontre en effet que rarement un tel galimatias d'idées, de réflexions, de données parcellaires, d'évidences (le taux d'humidité est faible dans le désert), d'interprétations plus ou moins mystiques et de suppositions non étayées. En fait les deux premières parties ne ressemblent à rien si ce n'est une sorte d'Encyclopédia Leibowitzia sans plan d'ensemble ni réflexion soutenue, l'entreprise d'une amatrice passionnée mais sans méthode.
La seule partie à sauver de ce naufrage est la dernière qui, de part son côté plus factuel, souffre un peu moins de cet aspect embrouillé qui caractérise le reste du livre. Les résumés des autres textes peuvent être intéressants (même s'ils sont très courts - quelques lignes), le glossaire et l'étude sur le procédé de constitution du fix-up auraient gagnés à être approfondis car ils sont au moins originaux. La partie bibliographique est par contre à jeter directement tant elle est pauvre. Au final, il est dommage de constater que ce n'est probablement pas dans le seul livre consacré uniquement à Miller que se trouvent les meilleures analyses de son oeuvre (pour ce faire on préfèrera les livres traitant de la SF post-apocalyptique).
Note GHOR : 1 étoile
07:46 | 07:46 | Etudes mono-auteur | Etudes mono-auteur | Lien permanent | Lien permanent | Commentaires (0) | Commentaires (0) | Tags : anglais, walter m. miller, 1 étoile | Tags : anglais, walter m. miller, 1 étoile
06/10/2012
_Science Fiction : The 101 Best Novels_
Science Fiction : The 101 Best Novels : 1985-2010 : Damien BRODERICK & Paul Di FILIPPO : 2012 : Nonstop Press : ISBN-13 978-1-933065-39-7 : 288 pages (pas d'index ni de bibliographie) : coûte 15USD pour un tp, sans doute disponible chez l'éditeur (http://nonstop-press.com/).
Comme l'indique bien l'auteur de la préface, David Pringle, cet ouvrage est une sorte de successeur à son Science Fiction The 100 Best Novels qui est paru au milieu des années 80. Il en reprend donc logiquement le principe de base à savoir une sélection d'une centaine de livres (101 dans celui là) considérés comme les meilleurs de la période concernée. Ici Broderick (un universitaire et auteur australien) et Di Filippo (un écrivain américain) ont choisi de traiter les 25 dernières années de l'évolution du genre, en notant que ce survol se limite aux textes parus en langue anglaise (et dans la pratique presque exclusivement aux auteurs anglo-saxons).
La structure du livre est très simple puisque, après une préface de Pringle et une introduction des auteurs, on va trouver 101 chapitres consacrés chacun à un des 101 titres (ou à une série dans certains cas) sélectionnés. L'ensemble est classé par ordre chronologique, commençant par The Handmaid's Tale d'Atwood et se terminant par The Quantum Thief de Rajaniemi. Chaque entrée fait entre deux et au plus trois pages et est illustré par une reproduction en N&B de la couverture d'une édition (d'ailleurs parfois autre que la VO ou la première édition) du livre étudié. La structure des chapitres est assez variable et mêle résumé de l'intrigue, avis critique (positif puisqu'il s'agit des 101 meilleurs livres) et informations sur la carrière de l'auteur et s'appuie parfois sur des citations extraites des ouvrages concernés. On notera que les critiques ne sont pas signées (pour cause d'écriture à deux mains) et que l'ouvrage n'offre pas d'index et omet même les informations bibliographiques élémentaires pour chaque titre.
La première réaction face à un ouvrage de ce type est bien sûr de se pencher sur les choix des auteurs pour les critiquer ou au moins les comparer à ceux que l'on aurait pu faire soi-même. Tout d'abord, on constatera que les choix de Broderick & Di Filippo incluent les "classiques" de la période (si tant est que le terme de classique puisse être appliqué à des oeuvres de moins de 25 ans). On trouvera donc du Card, du Egan, du Wilson, du KSR, du Vinge, etc. On rencontrera aussi des oeuvres (The Cassini Division, Jumper, Aristoi) ou des auteurs (Adam Roberts, Linda Nagata, Howard Hendrix) plus méconnus que l'on voit assez rarement mis en lumière. Plus problématique est l'inclusion de titres comme Temeraire, The House of Storms ou Blood dans un ouvrage consacré à la SF, ce qui nous vaut un certain nombre de pirouettes intéressantes de la part des auteurs pour en justifier la présence.
Mais en fait la chose la plus frappante est la présence d'un nombre important de livres issus de l'extérieur du genre. C'est le bal des cautions littéraires en commençant par Atwood et en égrenant la liste usuelle : Vonnegut, Powers, Ballard, Niffenegger, Roth, Ishiguro, Cormac McCarthy, Chabon. Indépendamment des indéniables qualités littéraires des ouvrages de ces auteurs, ce qui ressort de façon flagrante du fait de ce mode de présentation (sous forme de résumé de l'intrigue) est le manque total d'originalité science-fictive dont font preuve leurs auteurs. Le fait que ces ouvrages sont basés sur des idées qui sont maintenant des clichés éculés (dictature religieuse, uchronie nazie, post-apo, prélèvement d'organes, romance trans-temporelle) semble d'ailleurs parfois mettre Broderick & Di Filippo dans une position assez délicate.
Au final, je dois avouer avoir été plutôt déçu par cet ouvrage. Tout d'abord par sa sélection qui, malgré des choses sympathiques et originales, semble manquer d'une certaine "vision" précise du genre et essaie de contenter tout le monde; mais aussi par le contenu même des entrées qui n'a jamais vraiment réussi à m'accrocher. Ce point étant strictement personnel, il est possible qu'un autre lecteur trouve plus d'intérêt que moi à cet ouvrage à l'érudition évidente.
Note GHOR : 1 étoile
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